Extrait du journal

Voici le programme de la liste d’Entente Républicaine Démocratique présentée dans la 3* circonscription du département de la Seine pour les élections du 16 novembre 1919. Marc Sangnier est Vun des 14 candidats de cette liste. CITOYENS, La France est victorieuse. Elle le doit à Vunion de tous les Français. Il ne faut pas que notre pays qui, plus qu’aucun autre, a versé son sang et sacrifié ses richesses poiir la liberté des peuples se voie arracher le fruit de sa magnifique victoire. Le monde, aujourd’hui délivré de l’odieuse oppression de l’au tocratie et du militarisme allemands, a besoin, pour être à l’abri de dangers nouveaux, que la France soit forte et respectée. Il faut pour cela que, renonçant aux vieilles luttes stériles d’autrefois, les Français demeurent unis dans le travail de la paix comme ils le furent dans l’œuvre de la guerre. D’urgents problèmes financiers et économiques, de graves questions internationales se posent impérieusement. Ce n’est pas trop de la collaboration et de la bonne volonté de tous pour les résoudre. La République, qui a su par la force de ses armes et l’élan unanime de tout le peuple de France briser la barbarie allemande, affranchir les nations opprimées et nous rendre l’Alsace et la Lorraine, ne peut plus aujourd’hui être discutée par personne. Elle a donc le droit de se montrer accueillante. Elle est le large et glorieux terrain de la réconciliation nationale. Républicains venus de points différents de l’horizon politique, mais tous également soucieux de la sécurité et de la prospérité nationales, tous également convaincus que le fait de la laïcité de l’Etat doit se concilier avec le respççt dçs libertés et des droits de chacun, npus nous présentons ensemble aux électeurs, certains que notre rapprochement même apparaîtra à tous comme le symbole de l'indispensable union qu’exigent les nécessités d’une politique renouvelée et d’une action pratique et positive. Sans rien abdiquer de nos programmes, sans renoncer en rien à nos tempéraments propres, nous sommes soucieux d’abord du bien du pays, ré solus à lui sacrifier tous les intérêts de partis. Il ne faut pas qu’une poignée d’agitateurs, étrangers aux aspirations profondes du peuple, puisse imposer, grâce à nos divisions, à la France victorieuse, une funeste tyrannie : dictature césarienne ou dictature de classe. Contre une coterie de révolutionnaires, disciples de Lénine et de Trotsky, qui nourrissent le fallacieux espoir d*e Uratner à leur suite les socialistes...